Né en 1932 dans la proche banlieue de Londres d'un père juif russe et d'une
mère hongroise. Il connaît les problèmes de l'émigration.
Très tôt, il fait de nombreux métiers avant de se consacrer au théâtre et à l'écriture.
Dans les années 50, il est pâtissier chef, boulevard des Capucines, à Paris, et peut
entreprendre des études cinématographiques avec l'argent économisé en France.
Scénariste et metteur en scène de cinéma, il écrit pourtant, pour le théâtre, une première
ébauche de La Cuisine.
Dans les années 60, sa trilogie, Chicken soup with Barley (soupe de poulet à l'Orge), Racines
et Je parle de Jérusalem, est jouée par le Royal Court.
C'est une saga : l'épopée familière de petites gens, des juifs, depuis la guerre d'Espagne jusqu'à
l'insurrection hongroise de 1956.
Il s'intéresse tout particulièrement au rapport du public populaire avec le théâtre et crée en
1961 Le Centre 42, chargé d'une activité de création et de sensibilisation : réconcilier les
jeunes et le peuple avec les disciplines artistiques qui les concernent.
Aujourd'hui, Arnold Wesker vient de fêter son 70ème anniversaire, un événement en
Angleterre. Il est joué dans le monde entier. Un peu moins en France.
Il laisse une oeuvre dramatique considérable : plus de 60 pièces.
1962 : Des Frites, des frites, des frites
1964 : Their Very Own and Golden City
1965 : Les Quatre Saisons
1972 : Les Vieux
1974 : Les Journalistes
1977 : La Noce et aussi : Les Amis, Qui a peur de Betty Lemon, Annie Wobbler, Mères
Portraits etc.
2002 : The Wedding Feast De nombreuses sont inédites et à traduire.
Note de mise en scène
La cuisine d'un grand restaurant, le Tivoli, avant, pendant, et après l'heure de pointe du midi
ou du soir.
Femmes de charge, serveuses, marmitons, sauciers, rôtisseurs, maître d'hôtel, chef et
patron, travailleurs émigrés ou non, tous se côtoient ou s'ignorent, pris dans la routine des
grands et petits problèmes de la restauration à bon marché.
Amours, haines, indifférences, violences, amitiés, insolences, tout cela tourne à gros
bouillons dans cette énorme marmite de sorcière qui n'a de magique que l'efficacité à nourrir
le plus grand nombre de clients.
La qualité des plats a moins d'importance que la rapidité du travail dans cette USINE de la
gastronomie.
La cuisine, à chaque service, est prise de folie : haine du client, haine de la "bouffe", grand
pouvoir contre petit pouvoir, personnel de cuisine - les hommes - contre personnel de
service - les femmes - !
Les passions s'attisent et se déchaînent sous la pression d'un horaire, semblable à celui de
Charlot dans Les temps modernes, servir des plats, toujours plus vite, une soupe aigre, une
béchamel tournée, un poisson brûlé... Qu'il s'agisse de saler le poulet, de couper les légumes,
de mettre au four, de faire frire les saucisses, de trancher la viande, de surveiller ou d'être
surveillés, les acteurs d'une grande cuisine, véritable pyramide sociale, sont à l'image du
MONDE. Un monde mythologique et shakespearien, qui se construit pour mieux se déchirer.
Quand les rêves s'oublient ou s'exaspèrent, les amours et les amitiés s'effacent, les haines et
les rancunes prennent racine. Et les jours succèdent aux jours, les coups de feu aux coups de
feu, jusqu'à peut-être y laisser sa peau. A moins que.
Et cela jusqu'à l'explosion finale du patron : "Je vous paye convenablement. Peter, espèce
d'idiot, qu'est ce que tu veux de plus ? Qu'est ce qu'il y a de plus ? Tu peux me dire ?... Qu'est
ce qu'il y a de plus... Qu'est ce qu'il y a de plus ?..."
Profondément marquée par les années 60, la pièce - de jeunesse - d'Arnold Wesker reste l'un
de ses chefs d'oeuvre.
Jean-Louis Martin-Barbaz
Portrait du chef Alexandre Dumaine - restaurant la Cote d'Or de Saulieu
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