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Zola (Emile)

Zola (Emile)
Zola (Emile)

Emile Zola

Né à Paris en  avril 1840, mort à Paris en  septembre 1902, Emile Zola est un écrivain, journaliste et homme public français .C’est l'un des romanciers français les plus populaires, l'un des plus publiés, traduits et commentés au monde. Ses romans ont connu de très nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision.

L'Assommoir

résumé de l'assommoir

La fête de Gervaise

Gervaise, énorme, tassée sur les coudes, mangeait de gros morceaux de blanc, ne parlant pas, de peur de perdre une bouchée; et elle était seulement un peu honteuse devant Goujet, ennuyée de se montrer ainsi, gloutonne comme une chatte. Goujet, d'ailleurs, s'emplissait trop lui-même, à la voir toute rose de nourriture. Puis, dans sa gourmandise, elle restait si gentille et si bonne ! Elle ne parlait pas, mais elle se dérangeait à chaque instant, pour soigner le père Bru et lui passer quelque chose de délicat sur son assiette. C'était même touchant de regarder cette gourmande s'enlever un bout d'aile de la bouche, pour le donner au vieux, qui ne semblait pas connaisseur et qui avalait tout, la tête basse, abêti de tant bâfrer, lui dont le gésier avait perdu le goût du pain. Les Lorilleux passaient leur rage sur le rôti; ils en prenaient pour trois jours, ils auraient englouti le plat, la table et la boutique, afin de ruiner la Banban du coup. Toutes les dames avaient voulu de la carcasse; la carcasse, c'est le morceau des dames. Mme Lerat, Mme Boche, Mme Putois grattaient des os, tandis que maman Coupeau, qui adorait le cou, en arrachait la viande avec ses deux dernières dents. Virginie, elle, aimait la peau, quand elle était rissolée, et chaque convive lui passait sa peau, par galanterie; si bien que Poisson jetait à sa femme des regards sévères, en lui ordonnant de s'arrêter, parce qu'elle en avait assez comme ça : une fois déjà, pour avoir trop mangé d'oie rôtie, elle était restée quinze jours au lit, le ventre enflé. Mais Coupeau se fâcha et servit un haut de cuisse à Virginie, criant que, tonnerre de Dieu ! si elle ne le décrottait pas, elle n'était pas une femme. Est-ce que l'oie avait jamais fait du mal à quelqu'un ? Au contraire, l'oie guérissait les maladies de rate. On croquait ça sans pain, comme un dessert. Lui, en aurait bouffé toute la nuit, sans être incommodé; et, pour crâner, il s'enfonçait un pilon entier dans la bouche. Cependant, Clémence achevait son croupion, le suçait avec un gloussement des lèvres, en se tordant de rire sur sa chaise, à cause de Boche qui lui disait tout bas des indécences. Ah ! nom de Dieu ! oui, on s'en flanqua une bosse ! Quand on y est, on y est, n'est-ce pas ? et si l'on ne se paie qu'un gueuleton par-ci, par-là, on serait joliment godiche de ne pas s'en fourrer jusqu'aux oreilles. Vrai, on voyait les bedons se gonfler à mesure. Les dames étaient grosses. Ils pétaient dans leur peau, les sacrés goinfres ! La bouche ouverte, le menton barbouillé de graisse, ils avaient des faces pareilles à des derrières, et si rouges, qu'on aurait dit des derrières de gens riches, crevant de prospérité.

EXPLICATION DU PASSAGE

Introduction Situation : lundi 19 juin ;

milieu du roman. Quelques points positifs apparemment : Gervaise a réussi à avoir sa boutique de blanchisseuse et, dans les premiers temps, la boutique marche bien ; Goujet a pris en affection étienne devenu apprenti à la forge. Mais des signes inquiétants se profilent : Coupeau s'est mis à boire ; Nana "s'annonce comme une vaurienne finie" (page 178) ; Lantier vient de réapparaître. La fête a été minutieusement préparée, en partie parce que les Coupeau recherchent les prétextes de fête pour oublier tous leurs soucis, en partie aussi, pour "écraser les Lorilleux", comme en rêve Coupeau lui-même.

Milieu du repas : le plat principal : l'oie rôtie.

Plan :
1. Une galerie de portraits
2. Le rôle de la nourriture

  1. Une galerie de portraits
    a) Des portraits en action : comportements par rapport au contenu de l'assiette Des traits de caractère caricaturaux : la gentillesse faible (Gervaise et le père Bru) ; la gourmandise (Gervaise) ; l'avarice (les Lorilleux) ; la séduction (Goujet en voyant Gervaise) ; la grivoiserie (Boche) ; la minauderie (Virginie).
    b) Le jeu sur le langage : un langage banal, puis de plus en plus populaire, à la mesure de la quantité de nourriture absorbée et de vin bu. Le narrateur semble se fondre dans l'atmosphère ambiante en adoptant l'évolution du langage de ses personnages.
    c) Le jeu sur les points de vue Alternance de points de vue omniscient (discours indirect libre par exemple ; pensées de Gervaise et de Gouget) et externe ("c'était même touchant de regarder") : une alternance parfois difficile à distinguer, d'où une certaine ambiguïté dans la signification de la scène (que représente le "on" ? Que pense Zola ?). Mais une alternance qui rend également la scène particulièrement vivante, en particulier par la variété des portraits et la rapidité avec laquelle ils sont brossés : le lecteur se trouve plongé au milieu des convives.

    1. Le rôle de la nourriture
      a) Une manière de manger particulièrement grossière : cf. les verbes employés : "bâfrer", "englouti le plat" ; contact direct avec la nourriture : "gratter des os", "arracher la viande avec ses deux dernières dents", "sucer" (le croupion), ; de la goinfrerie : "s'enfonça un pilon entier dans la bouche". Des rapprochements avec la maladie (par indigestion) et des connotations sexuelles.
      b) Un grandissement général, tant dans la quantité absorbée (nourriture et vin) que dans les effets sur les personnages : une déformation du corps : "Gervaise, énorme" ; "on voyait les bedons se gonfler à mesure", et l'ensemble de la fin du paragraphe. Une déshumanisation des personnages, avec des comparaisons ou connotations animales (chatte, gloussement, abêti).
      c) Le symbolisme de l'oie Insistance sur la graisse, qui symbolise la richesse de la nourriture. Insistance également sur les différentes parties comestibles : cette fois, on peut choisir selon ses goûts ! Cf. description antérieure : un portrait qui ressemble beaucoup à celui de Gervaise

Symbolisme de la chute de Gervaise, mangée par la société, avec autant de voracité qu'on mange l'oie ce jour-là.
Symbolisme en particulier avec les pensées des Lorilleux : "ruiner la Banban". Mais ambiguïté du jugement de Zola : ce repas constitue une sorte de revanche sur les riches Conclusion Des réactions diverses possibles de la part du lecteur, du dégoût à la compassion. Une importance générale accordée à la nourriture pour montrer le parcours de Gervaise : trois repas pantagruéliques ponctuent le roman : autant de temps de pause avant que la chute ne s'accélère.

Le ventre de Paris

Là, à coté des pains de beurre à la livre, dans des feuilles de poirée, s'élargissait un cantal géant, comme fendu à coups de hache ; puis venait un chester, couleur d'or, un gruyère pareil à une roue tombée que quelque char barbare, des hollandes, ronds comme des têtes coupées, barbouillées de sang séché, avec cette dureté de crâne vide qui les fait nommer têtes-de-mort. Un parmesan, au milieu de cette lourdeur de pâte cuite, ajoutait sa pointe d'odeur aromatique. Trois bries sur des planches rondes avaient des mélancolies de lunes éteintes ; deux très secs, étaient dans leur plein ; le troisième, dans son deuxième quartier, coulait, se vidait, d'une crème blanche, étalée en lac, ravageant les minces planchettes à l'aide desquelles on avait vainement tenté de le contenir. Des ports-saluts, semblables à des disques antiques, montraient, en exergue, le nom imprimé des fabricants. Les roqueforts, sous des cloches de cristal, prenaient des mines princières, des faces marbrées et grasses, veinées de bleu et de jaune, comme attaquées d'une maladie honteuse de gens riches qui ont trop mangé de truffes ; tandis que, dans un plat à coté des fromages de chèvres, gros comme un poing d'enfant, durs et grisâtres, rappelaient les cailloux que les boucs menant les troupeaux font rouler aux coudes des sentiers pierreux.

Un article ajouté le 29/02/16  - Mis à jour le 15/06/21 .

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