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Couronne briochée pur beurre aux fruits confits, en ce moment, elle est parfaite pour le shour, j'en réalise chaque année à cette période en souvenir de maman et de mon enfance. Cette boulange que nous aimions tant. Je m'en souviendrais toujours de ces couronnes briochées pieds noirs géantes de Pâques couvertes de zanis ( minuscules boules anisées colorées ), qui trônaient dans de grands plats sur le chemin de la boulangerie portés par les pieds noirs bônois ainsi que des agneaux entiers emmenés à rôtir au four de mon petit coin de paradis.

Zrayga, plat typique bônois, sorte de soupe au lait à l'émietté de galette fine aux dattes et aux noix. Plat consommé autrefois pour le souper des autochtones bônois et au shour à ramadan. Les repas du soir d'antan de nos aïeux se composait souvent de soupes au lait parmi tant d'autres plats rustiques, les plats consistants étaient réservés pour les déjeuners. Cette zrayga, se compose de galette fine faite de semoule de blé dur, que l'on émiette finement et que l'on laisse sécher pour durcir un peu car avec des galettes fraîches, le plat sera une bouillie de semoule. Souvent la zrayga est consommée sans autre ajout que quelques noisettes de beurre frais dessus. Les dattes sont ajoutées pour améliorer le plat. Les noix sont un ajout personnel.

Rechta bônoise m'zaafra, des pâtes fraîches confectionnées maison, sorte de tagliatelles fines, en sauce au safran naturel ou blanche, à l'agneau ou au poulet fermier nécessairement pour plus de goût , garnie de fonds d'artichauts que je propose pour l'aïd el fitr ou laylet enos et laylet el Kadr.

Les abats. Kamounia djej. Foie de volaille mariné et braisé à la poêle sauce au cumin , kebda m'chermla, cuisine algérienne, variante bônoise. Comme on le sait, le foie qu'il soit ovin, bovin, ou foie de volaille, ne supporte pas une longue cuisson, il serait dur et caoutchouteux, donc la meilleure façon de le cuire c'est de le braiser à la poêle. Les kamounia ou camounia sont des entrée qui étaient servies en apéritif pour faire patienter les convives en attendant le repas principal. La marinade est faite d'ail, de piments rouges secs ( piments oiseaux ou Espelette ) et de cumin réduits en pâte nommée tehrissa à Annaba.

Kefta sardines au boulghour et sa fondue de tomates fraîches. Plat des beaux jours, accompagné de pommes de terre sautées à l'ail. Ce matin, j'ai pris des sardines et d'autres poissons car nous sommes de gros mangeurs de poissons à la maison. Il y a plusieurs recettes de keftas de sardines sur le blog et cette fois ci, c'est une kefta au boulghour concassé vert et tendre qui n'a pas trop séché et donc pas besoin d'une longue cuisson. Le boulghour ou borghol, est un sous produit du blé et diffère du frick dans sa fabrication De l'eau est mélangée à du blé de différents types et de couleurs ou une seule graine, placés dans de grands chaudrons, des kazans, immenses faitouts en cuivre ciselé ou martelé, parfois étamé. Le tout est placé sur le feu jusqu'à ce que les grains soient cuits. Ceux-ci sont ensuite séchés par l'action du soleil, souvent sur les terrasses et toit de maison. Après une semaine ou deux, les grains du blé sont ramassés puis concassés. Le boulgour a été introduit en Algérie par l'empire ottoman pour nourrir leurs janissaires, nos aïeules l'avaient adapté à leur cuisine et en faisaient le stock pour l'année comme pour le frick ( blé vert ) et le tchich ( orge ). Il fut délaissé dès l'apparition du riz dans notre pays.

Les farfels, pâtes fraîches* à la semoule, cuisine pieds noirs bônois faites maison à la sauce tomate fraîche aux œufs coulants et olives noires. Des pâtes que l'on peut réaliser sur place la veille si on est seule ou le jour même lorsqu'on a de l'aide. La sauce est sans prise de tête, des tomates fraîches et le plat est prêt en quelques minutes. C'est un plat simple de vacances, on confectionnait les pâtes en papotant lorsque mes cousines arrivaient au cabanon ou à la maison du bord de mer, tellement loin tout ceci et le souvenir est poignant. Il y avait souvent des crevettes en sauce et des sardines fraîches frites à côté. On peut ajouter des carottes à la sauce et des petits pois verts* si on en a sous la main pendant les vacances. Ces plats de pâtes en sauce tomate aux œufs* sont un des plus beaux souvenirs de mon enfance

Sur le blog, il y a trois versions de haricots de mer en sauce rouge et blanche au citron, là ce sont les tellines ou haricots de mer que je présente généralement accompagnés d'une omelette aux olives noires noires par habitude et pour en faire un repas complet sans avoir à me creuser la tête pour l'accompagnement. Les haricots de mer étaient souvent servis en apéritif ( kémia ) avec des frites dans le temps. Les olives noires apportent de belles saveurs à l'omelette. Il faut prendre de grosses tellines, les petites ne doivent pas être récoltées en principe car non matures. Les haricots de mer sont très appréciés par les anciens de Bône, ils étaient vendus à la criée par des hommes qui les transportaient dans de grands paniers en rafia naturelle tressée sur des bicyclettes, les paniers étaient tapissés de toile de jute qui couvrait en même temps les tellines pour les garder au frais, ils passaient dans tous les quartiers de la ville antique, la mesure était des boites de conserves vides, et chaque ménagère prenait ce dont elle avait besoin.

Des pâtes coquillettes à l'arabe au poulet fermier aux pois chiches, makarouna arbi façon grand-mère, plat relevé du quotidien, traditionnellement à l'agneau, aux côtelettes, aux boulettes... Toutes les formes de pâtes sont utilisées, épicées au carvi-coriandre et piment oiseau, c'est un plat très savoureux qui tient au corps particulièrement en hiver.

Mhamssa jéria bel gueddid, soupe consistante de petits plombs à la viande séchée du terroir bônois, fèves et févettes séchées , pois chiches et carottes. C'est un plat d'hiver rustique et très relevé, un plat de cuillères et de serviettes dirait maman parfait pour les rhumes. Mhamssa jéria ou soupe qu'on garde très fluide qui va continuer d'absorber le temps de passer à table. La viande séchée est utilisée dans les plats rustiques, la poitrine et le rabat d'agneau ou de mouton sont gardés en grandes et larges lanières que l'on sale fortement et que l'on poivre sans autres épices pour le gueddid, on se suffit de sel et de poivre dans le terroir bônois contrairement au khli3 ( viande confite ) . ces plaques de poitrine de mouton sont suspendues aux cordes au soleil jusqu'à durcir complètement, la viande se casse comme des bris de verre, signe qu'elle est bien séchée et ne risque pas de pourrir. on range dans des sacs en toile pour permettre l'aération et ainsi protéger aussi la viande des poussières et des insectes. C'est typique au Maghreb mais d'une région à l'autre, les épices variées sont utilisées .