L'auteur co-fondateur des Guides Gault-Millau, célèbres dans le monde entier, qui lui ont valu notamment le privilège rare d'obtenir en 1980 la couverture du magazine américain Time, Christian Millau reprend sa fourchette. Il se remet à table après de fructueuses années en littérature, couronnées par l'Académie française pour son fameux Au galop des Hussards.
"J'aurai passé un demi-siècle de ma vie à rouler ma bosse et mon estomac sur la Terre entière et n'ai toujours pas perdu l'appétit de le raconter. Non pas en professeur " ès-gastronomie " oh le vilain mot ! mais en gourmand, amateur de bonnes et belles choses, de rencontres et de découvertes. Pour faire partager à mon lecteur mes emballements, mes déconvenues ou mes coups de gueule, je me suis coulé dans la peau du conteur, comme il s'en trouve autour d'une table entre amis. Quand je lui fais déguster un lièvre à la royale, nous sommes au Palais-Royal chez Mme Colette. Ensemble, nous humons les parfums du miroton de Mme Milord, ma concierge, nous nous glissons dans les mystérieuses cuisines de la franc-maçonnerie, nous nous asseyons chez les plus grands chefs du siècle et nous nous payons la tête des ridicules d'une certaine gastronomie contemporaine."
La cuisine anglaise n'est pas mauvaise. Elle est même très bonne. Le problème est que les anglais ont tenu absolument à la faire eux-mêmes.
Pendant longtemps, le puritanisme victorien a régné dans les assiettes et, dans les familles, les repas ressemblaient étrangement à des séances d'autopunition dont les instruments de torture auraient été des pommes de terre pelucheuses comme des balles de tennis, des petits pois en béton et des poulets en carton. La haute société s'en accommodait fort bien, faisant sienne la profession de foi de Georges Bernard Shaw : "Si les anglais peuvent survivre à leur cuisine, ils peuvent survivre à n'importe quoi."
Toutefois, depuis le passage d'Escoffier à Londres, au début du XXe siècle, la cuisine française exerça sur ladite high society une fascination incontestable, d'ailleurs plus mondaine que réellement gastronomique. Le bon chic portait les couleurs de la France, les grands palaces se vautraient avec délectation dans ce qu'on croyait alors être le fin du fin de l'art culinaire, ces tournedos Rossini, ces selles de veau Orloff et ces plats enturbannés comme des chevaux de cirque.
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