Historienne, journaliste et écrivain. Maguelonne Toussaint-Samat a étudié le Moyen-Age et la Renaissance française et italienne. Elle s'est intéressée à l'histoire de l'économie mais aussi à la mode, à la culture et à la gastronomie, à laquelle elle a consacré de nombreux ouvrages. Son Histoire naturelle et morale de la nourriture (Bordas, 1987) couronne plusieurs années de recherches et d'études. Elle a obtenu le Prix d'Histoire de la Société des Gens de Lettres et le Prix La Mazille et a été traduite en de nombreuses langues, dont le japonais, le coréen et le chinois.
Le génie de la faim...
Depuis l'aube des âges, à poursuivre sa nourriture, l'humanité a tracé les chemins de la connaissance du monde. La faim a été le moteur de sa marche en avant. Elle reste la source de toutes ses énergies, bonnes ou mauvaises, le motif de ses progrès, l'origine de ses conflits, l'alibi de sa conscience, la monnaie de sa peine...
Autour de l'aliment se sont construites des civilisations, se sont perpétrés des crimes, affrontés des empires, élaborées des lois, échangés les savoirs. Tout le reste n'est que littérature...
Cueillette, chasse, sel, céréales, élevage, vin, épices, sucre, pommes de terre ou protéines... sont autant d'ordres de route qui ont bouleversé le monde, d'étape en étape...
Des Européens aux Esquimaux, des Chinois aux Mexicains, l'Histoire naturelle et morale de la nourriture vous convie à un parcours culinaire des civilisations.
Cet ouvrage riche et savoureux est conçu selon une double approche :
* une histoire naturelle, celle des aliments, de leur origine, de leur découverte et de leur mode de consommation. On y découvre entre autres que le bananier n'est pas un arbre, mais une herbe dont la "fleur" se transforme en un régime de bananes qui peut compter des centaines de "fruits" stériles, que, pour fournir un caviar excellent, l'esturgeon ne doit éprouver aucune frayeur avant sa mort...
* une histoire morale, qui révèle les liens entre les habitudes alimentaires et les moeurs, entre les rituels sociaux ou religieux et la symbolique des aliments. Athéna, dit la légende, donna l'olivier à la Grèce ; tout le bassin méditerranéen utilisa l'huile, tandis qu'au nord s'étendait les "pays du beurre" ; et Luther s'enflamma contre le trafic des indulgences qui permettaient de manger du beurre pendant le carême... On y découvre aussi que le café, découvert par des chèvres en Arabie, devint la richesse des Antilles et de l'Amérique du Sud lorsque l'Europe s'en enticha...
Grâce à la connaissance, l'histoire de la nourriture ne se terminera peut être pas comme elle avait commencé, sur le mot FAIM.
Extrait (Céréales stratégiques) :
Dès que le commerce en exista, les céréales et à fortiori le blé furent des denrées spéculatives. Une des premières manières de faire fortune est de constituer des stocks de grains achetés bon marché en temps d'abondance et que l'on délivrera, lors des pénuries, pour un prix bien plus élevé. On peut même contrôler les pénuries, les provoquer en ayant, justement, fait main basse sur les productions le plus sournoisement possible...
Les céréales sont un extraordinaire moyen de pression sur le pouvoir, non pas de la part de celui qui les cultive, pauvre bougre, mais de celui qui en dispose. Aussi, au fil des siècles depuis le roi Hammourabi, les gouvernants s'employèrent autant qu'ils purent à réglementer d'abord le marché interne, sachant bien que la surabondance intempestive des récoltes ne peut augmenter la consommation, au-delà d'un certain seuil et au grand dam des producteurs. "Tout crève ici de blé et je n'ai pas un sol [...]. J'ai 200 000 boisseaux à vendre, je crie famine sur un tas de blé", se lamentera Mme de Sévigné.
Mais il faut d'abord prévoir cette faim qui fera sortir les loups du bois, puisque "gouverner, c'est prévoir". Le blocus de Venise par les Génois en 1372 ne put que tourner court : les magasins de la Seigneurie débordaient de millet. Le millet se conserve beaucoup mieux que le blé, durant vingt ans parfois et, au XVIe siècle, la toujours avisée Ville des lagunes qui en stockait à ne savoir qu'en faire, croyait on, put intervenir au mieux de ses intérêts, dans les présides de Dalmatie ou du Levant à chaque menace de pénurie.
Edité pour la première fois en 1987 aux éditions Bordas, puis en 1997 chez Larousse-Bordas dans la collection in-extenso, ce petit bijou de culture n’était plus disponible au grand dam de tout ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’Histoire naturelle et morale de la nourriture, titre de cet excellent ouvrage écrit par Maguelonne Toussaint-Samat et réédité aujourd’hui par Le Pérégrinateur Editeur.
Dans ma bibliothèque depuis plusieurs années, j’en ai souvent conseillé la lecture à celles et ceux qui me demande des renseignements sur le sujet et encore très récemment d’ailleurs. Et comme le dit lui même Guy Savoy dans la préface, l’auteure nous livre : « un travail remarquable, car très qualitatif, tout en s’adressant au grand public ». Un exercice qui n’est pas toujours réussi.
Cette nouvelle édition a été revue, actualisée et enrichie avec un texte inédit, Le sexe des gâteaux ainsi qu’une introduction de Noëlle Chatelet, écrivain et universitaire.
Histoire naturelle et morale de la nourriture
Maguelonne Toussaint-Samat
Le Pérégrinateur Editeur
ISBN – 2 910352-57-8
29,90 €
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Madeleine Ferrières
éditions Points Histoire
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