est une écrivaine japonaise née en 1973 à Yamagata, d'abord connue pour ses livres pour enfants. Le restaurant de l'amour retrouvé est son premier roman paru au Japon en 2008 et en France aux Editions Picquier en 2013.
Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d'un chagrin d'amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l'art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière.
Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.
Quand je suis rentrée à la maison après ma journée de travail au restaurant turc où j'ai un petit boulot, l’appartement était vide. Complètement vide. La télévision, la machine à laver et le frigo, jusqu'aux néons, aux rideaux et au paillasson, tout avait disparu.
[...]
Cet appartement renfermait, condensés, les souvenirs de trois années de vie commune avec mon fiancé et tout ce que nous possédions de plus précieux.
Chaque soir, je cuisinais en attendant son retour. L'évier était petit mais nanti d'une paillasse carrelée, et l'appartement, qui faisait l'angle, avait des fenêtres sur trois côtés. Lorsque j'étais du service du matin au restaurant, la joie de préparer le repas en fin d'après-midi, dans la lumière orangée du soleil déclinant, était un bonheur sans pareil. Il y avait également un four à gaz, pas très performant mais un four à gaz quand même, et comme la cuisine aussi avait une fenêtre, quand je dînais seule, je pouvais faire griller du poisson séché sans que l'odeur envahisse la maison, c'était pratique.
J'avais aussi tous mes ustensiles de cuisine préférés.
Le mortier de l'ère Meiji hérité de ma grand-mère aujourd'hui disparue, le baquet en bois de cyprès dans lequel je gardais le riz au chaud, la cocotte en fonte Le Creuset enfin achetée avec mon premier salaire, les baguettes de cuisine à pointe fine dénichées chez un marchand spécialisé de Kyôto, le couteau d'office italien que m'avait offert le chef d'un restaurant bio pour mes vingt ans, mon tablier en lin si agréable à porter, les galets ronds indispensables à la confection des aubergines en saumure, sans oublier la poêle en fonte pour laquelle j'avais fait tout le trajet jusqu'à Morioka.
La vaisselle, le grille-pain, le papier sulfurisé, tout, absolument tout avait disparu. Nous n'avions pas beaucoup de meubles, mais des ustensiles de cuisine, si. Tous mes compagnons de cuisine. Je puisais dans l'argent gagné chaque mois grâce à mon petit job pour me constituer une batterie d'ustensiles qui me durerait longtemps, même s'ils coutaient un peu cher. Et dire qu'ils commençaient tout juste à être faits à ma main...
Faute de voix, Rinco s'exprime à travers sa cuisine chargée de souvenirs d'odeurs, de saveurs, de transmission et de partages. Un très beau roman délicat, au rythme lent et précis comme la cuisine que Rinco pratique dans son bien nommé restaurant "l'escargot".
Le restaurant de l’amour retrouvé - Ogawa Ito
Éditions Picquier
256 pages - 8€
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La cuisine asiatique est aussi vaste que le continent qui l'abrite. La connaissez-vous vraiment ?
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